Présentation du numéro 3
Ce troisième numéro de la Red est le fruit d’une collaboration avec la revue Analéctica, la Red de Pensamiento deconial et la chercheure féministe décoloniale Karina Bidaseca. Le , fondé en 2017 dans le sillage du congrès décolonial de Lyon (2015), s’est engagé dans l’élaboration d’une critique de l’injustice sociale et épistémique en Amérique Latine/ Abya Yala. Cet engagement repose sur une évaluation des contextes sociaux débouchant sur des positions éthico-politiques, épistémiques et esthétiques. La revue Analéctica, dirigée par Juan Carlos Martinez Andrade, et à laquelle collaborent des intellectuels issus de divers pays latino-américains, fait la promotion d’une philosophie critique et décoloniale en continuité avec cette ligne.
Nous sommes en contact avec Analéctica depuis deux ans, en particulier avec le philosophe argentin , qui est son éditeur et le politologue colombien membre du comité de rédaction. Nous échangeons régulièrement, traduisant parfois pour eux des articles et vice versa. Il y a un an, la revue Analéctica a publié Poéticas de los feminismos descoloniales desde el Sur, coordonné par l’universitaire argentine Karina Bidasaca, également membre du comité de rédaction. C’est une anthologie reprenant des interventions faites à l’occasion du IIIe Congrès d’Études Postcoloniales et les IV journées du féminisme postcolonial de Buenos Aires en 2016, congrès organisé par Karina Bidaseca..
Nous n’avions encore rien publié sur la perspective féministe de la décolonialité et il était temps de le faire, car le féminisme décolonial ouvre une nouvelle phase de cette approche et y introduit des modifications essentielles. J’ai donc proposé à Karina et à Analéctica que nous traduisions au moins une partie des articles. Ils ont tout de suite été d’accord et nous nous nous sommes mis au travail.
La traduction est un travail lent, trois membres de la Minga, notre atelier de traduction, se sont mis à la tâche, puis, une jeune anthropologue, Angèle Millon, s’est gracieusement jointe à nous, avant d’intégrer l’atelier. Nous avons décidé d’associer des apprentis traducteurs à notre projet car c’était cohérent avec la démarche collective que nous essayons d’avoir depuis le début, ainsi qu’avec le souci de transmission qui est le nôtre. Cinq jeunes gens, étudiants dans des écoles de traduction françaises ou à l’Université de Saint Louis du Sénégal ont bien voulu travailler avec nous. Nous remercions donc Isabel Moraes, Ramatoulaye Seck, Laura Thedim, Fernando Vązquez et Leontine Zumthor pour leur collaboration.
Les textes qui figurent dans ce numéro trois sont pour la plupart extraits de Poéticas de los feminismos descoloniales desde el Sur mais pas seulement. Nous avons également ajouté un article de Karina Bidaseca qui se penche sur la relation entre l’art et l’approche décoloniale, perspective qui nous est chère comme en témoigne notre collaboration avec la dynamique équipe de Minoritart. Nous avons joint trois textes de Tejiendo de otro modo que nous tenions à présenter au public français. Ils permettent de comprendre mieux la critique du féminisme européen effectuée à partir de l’Amérique latine et la lecture des rapports entre genre, race et classe qu’opèrent les chercheures. Rita Segato, Breny Mendoza et la dominicaine Ochy Curiel nous font entendre trois voix puissantes du féminisme décolonial .
Nous espérons que nous contribuerons avec cette parution à une meilleure connaissance d’une pensée encore très peu connue en France. Toutes les femmes qui s’expriment dans ce numéro apportent autre chose qu’un simple regard situé autrement, elle renouvellent, de façon radicale, la critique de la, disons plutôt, des, modernités/colonialités.