Reflet dans un œil pâle.
Le 19 mars, la Red a participé à la marche.
Il y aurait beaucoup de choses à dire de ce grand moment mais ici, je ne parlerai que d’un point : la présence conséquente de la gauche blanche. Étant moi même blanche, si je veux éviter le « parler à la place de », je dois essayer de voir comment, depuis la position qui est la mienne, je peux contribuer au combat antiraciste politique qui s’affirme depuis quelques années.
Il est clair que parmi les organisations blanches présentes, certaines l’étaient par opportunisme plus que par solidarité avec la cause qui rassemblait les racisés et les autres. Mais c’est, en fait, le signe d’un succès. Il y avait là, comme le disait Ramón Grosfoguel, matière à la construction d’un socle commun.
Certains diront, oui mais comment les racisés pourront ils s’entendre avec les autres s’ils ne savent pas se mettre d’accord entre eux ? C’est une fausse question. Il y avait des dissensions. Oui, et il y en aura toujours. Mais l’idée du manque d’unité, c’est les ennemis qui l’utilisent, elle est brandie par les médias comme le Monde, et elle rend compte simplement de leur vision hiérarchique du politique. La réponse de Louisa Yousfi était très pertinente. Ils souhaitent de tout leur cœur le manque d’unité et seront à l’affût des nécessaires désaccords. C’est de bonne guerre. L’unité se construit, et c’est le début.
Revenons à notre sujet : quel bloc commun ? Sur quelle bases ?
Dans la revue, nous ne pouvons pas poser les choses de la même façon car certains sont racisés et d’autres non. C’est l’intérêt, ce qui nous oblige à être attentifs à ce que nous pouvons reconduire.
Je pense que pour ceux d’entre nous qui ne sommes pas racisés, le travail est celui de passeurs.
-Diffusion des idées comme nous le faisons avec la revue.
- Travail de traduction fait sur une base collective, en atelier, ce qui pour le moment n’existe pas ou en tout cas, n’est pas reconnu. La traduction de textes décoloniaux ne peut pas être linguistique, elle est interculturelle comme le dit Boaventura de Sousa Santos.
-
il faut aussi, et ce sera le plus difficile, se lancer dans une écriture décoloniale de la réalité politique ; mettre les mains dans le cambouis. Oser le décolonial pragmatique.
C.B. Rougier