L’Université de la Réunion et le « localisme ».

L’Université de la Réunion et le « localisme ».

Romuald Barret nous propose sa réaction face à l’affaire de la « Nantaise ». Le billet qui suit est un commentaire auquel se joindront des analyses ultérieures.
L’Université de La Réunion doit, comme les autres, échapper aux considérations locales pour affirmer son excellence », écrivent les historiens….
Amwin mi ékri :
Le raisonnement scientifique des historiens frôle l’illogisme. Certaines connexions semblent ne pas se faire dans la tête de nos universitaires ! La logique est censée découvrir l’enchaînement des causes et des effets. Le lien de corrélation prétendument négatif existant entre « considérations locales » et « excellence » ne tient-pas. C’est même l’inverse qui est vrai… pour le malheur de nos étudiants ! Que des scientifiques manquent à ce point de rigueur logique n’est pas pour nous rassurer ! Il est triste de constater que nos historiens manquent aussi de sens de l’histoire. Car une simple mise en perspective historique suffirait à montrer que c’est depuis sa création que L’Université de La Réunion échappe aux fameuses « considérations locales », et ce jusqu’à aujourd’hui. Pour rappel, en 2010, un rapport faisait état d’un recrutement exogène à hauteur de 70%. Pour quel résultat ? L’Université de La Réunion est aujourd’hui si excellente qu’elle termine, pour reprendre une expression bien de chez nous, en tête par la queue du classement des Universités françaises. Pour l’excellence on repassera ! Çà se dit comment le contraire d’excellence ? En tout cas, la logique voudrait que l’on crie tous en chœur : « Vive le localisme ! »
 

 

 
 

  

Une réaction au sujet de « L’Université de la Réunion et le « localisme ». »

  1. Extrait du Manifeste des Illettres

    « Sur le plan culturel ce Manifeste est celui des Intellectuels Résistants, nous nommons Philosophie Marron la dialectique du Maître et de l’Esclave qui a lieu dans la lutte pour la reconnaissance. Derrière la figure mythique du Maron, il y celle du Paria, dissident de la pensée unique tels les indépendantistes de gauche à la Réunion qu’il est important de réhabiliter si l’on souhaite instituer des habitudes de démocratie non pas représentative mais alternative et réelle. La théorie ancrée dans le monde réel est un outil de changement concret de la situation sociale. Théorie, arts et pratique sont indissociables : les voix des opprimés, celles des masses perdantes du système capitaliste et colonial peuvent s’y exprimer. Pourtant l’invisibilisation des intellectuels est le lot de toutes les colonisations, le colonialisme est une pensée totalitaire. L’idéologie dominante, l’invisibilité des intellectuels dissidents masquent l’injustice coloniale. La Philosophie Marron est critique : le système colonial n’est pas un spectre qui viendrait nous hanter, c’est bien le terrain réel de notre errance économique et politique. Cette philosophie si elle est nécessaire n’est pas suffisante, seule notre auto-organisation peut mener au bouleversement des conditions sociales actuelles. Elle affirme la puissance réunionnaise contre tous les dénis de notre personnalité, le mépris social à l’encontre des pauvres, la non-reconnaissance envers les subalternes.

    Nous ne pouvons cependant nous contenter de revendiquer une révolution des idées et encore moins par les urnes sans lutter de tout notre être, sans désirer que les bases, la structure qui les supportent soient transformés par l’action commune.

    Décoloniser le langage c’est œuvrer dans le sens d’une littérature de langue française et en langue créole propre à désamorcer le colonialisme : « Le poète réunionnais porte le langage en drapeau, celui de la libération des liens destructeurs.» (Préface de Poésie de combats). Or, l’ illettrisme est institutionnalisée par le système colonial anti-créole et les inégalités sociales car c’est la masse des créolophones traitée en minorité à insérer sur les bancs de l’Ecole qui est placée en périphérie . L’intellectuel en résistance, dissident, critique c’est donc celui qui affirme avec joie « J’écris pour les analphabètes, les illettrés » ( Préface, L’être Réunionnais, un déni de puissance ), non pas « à la place de » mais parce qu’ils ne le feront pas.

    Loin de croire que ce monde colonial inédit dans lequel nous évoluons puissent se résumer dans les binarités Métropole/colonie ou encore colonisé/ colonisateur, nous ne pouvons cependant renoncer à mener des études critiques à son égard. Nous ne sommes pas comme certains partisans du courant post-colonial, des chasseurs de fantômes, nous ne sommes pas à la recherche des esclavagistes d’hier. Cependant, nous nous identifions aux opprimés et aux résistants d’hier et d’aujourd’hui car nos valeurs sont celle de l’émancipation universelle. Nous combattons avec toute culture de résistance, qu’elle soit française ou non, nous participons tout autant de la culture de Genet ou de Foucault, qu’à celle de Cabral ou Fanon, d’Angela Davis, ou encore de l’artiste Toto Bissainthe.

    L’Histoire de la Réunion trouve son sens dans le projet d’avenir que nous lui dessinons et non dans un passé. (…) « 

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